Jean Daive — Nue, dévêtue
Jean DAIVE
Romancier et poète
Textes provoqués par les dessins Wasser und Salz de Barbara Thaden, Los Angeles, été 2013.
Nue, dévêtue
Une ligne s’annonce au crayon
commence en précédant le commencement
dessine un pied jusqu’à la nuque et au delà
un feu bougé
La chevelure, tout un corps de la femme nue
autour d’un ventre très près des lèvres ou d’une hanche
très près des lèvres
Creuse la chambre
et c’est toujours par toi
que la paupière creuse rien
ou toujours presque par toi
La pensée est un nerf de la pensée
au coeur de ta chevelure, elle s’enroule
aux ongles peints
noirs qui
trouvent la bouche
La chevelure après la caresse de la soeur
agite même la pierre et doit corrompre
La conversation, l’interrompre
j’ai mal à me taire
Je suis l’inconnue à la crédulité caressante
sans être
une ennemie dans tes bras
LE FAIT D’ÊTRE
UNE FEMME DÉVÊTUE
NE SERA PAS
QU’UNE INCONVENANCE
Une manière moderne
au lit
de fumer ou de persifler
l’esprit ou de trouver le frisson
et les pathologies
La ligne ne dessine pas
Le genou mouillé
ni la baignoire
De la lumière a punaisé
dans une solitude-somnifère
un sexe de femme
Il est le chanter-faux
comme un genre humain
sans appel
Il prépare à la fête enfantine
À usage progressif
et régressif
Les corps passent les uns dans les autres
NUE, c’est une image
de la vie terrestre qui regarde
une photographie de la vie terrestre
l’ange au lit coud une troisième aile
La femme endormie a force de percussion
Jean DAIVE